21 juin 2006
COMPTE-RENDU D'ALAIN MEILLEUR - FINALE 2006
Première soirée à Calgary par une journée humide et nuageuse, l'attente de patiner semble s'éterniser mais finalement je me dirige vers l'anneau pour patiner à 18h30. Un peu de stress, un peu d'anxiété, bref j'arrive à l'anneau et WOW quel spectacle. Environ 150 patineurs de plusieurs pays différents qui défilent sur la glace (beaucoup de juniors), je suis très impressionné. Je regarde passionnément le tout et lentement je me dirige au centre de l'anneau par le tunnel. J'embarque finalement sur cette fameuse glace «The fastest ice on earth» et dès les premiers coups de patin, ouf avec les vortex de vent créés par les autres patineurs, tout glisse à merveille. Une pointe de vitesse et tout glisse comme si les patins collaient à la glace mais en fait ce sont les lames qui mordent très facilement, donc dès le départ une grande sensation de confiance. Toutefois, l'air sec et peut-être l'altitude me rappelaient à l'ordre. Je file un petit bonheur et tout en se baladant dans le corridor de réchauffement, on pouvait se faire frôler par quelques malades faisant des tours dans les 30 secondes. Après une bonne heure de pur plaisir, il était temps de se faire sortir par les 2 zambonis, ce qui fût fait.
Le lendemain, un après-midi complet à regarder la dernière épreuve de coupe du monde. Une autre étape de petit plaisir. Que dire des courses, de l'atmosphère induite par la foule où tous les billets étaient vendus. On y trouvait des néerlandais, des norvégiens en grande quantité en plus des «locals». Cindy a été superbe mais ma préférée a été Martina Sablikhova une tchèque, qui a terminé deuxième au 5000m. Pourquoi? Tout simplement parce qu'elle arrivait à faire que 6 pas dans les droits puis 12 à 14 pas dans les courbes. Superbe.
Arrive le lundi où je me suis entraîné le matin puis en après-midi cette fois-ci avec Martine Charbonneau. Très excité encore, je ne pouvais m'empêcher de quitter la glace, résultat : en me couchant mon pouls de 60 battements/seconde, était à 85 et encore à 80 le lendemain matin pour le début des courses, un 500m. Sans contredit la course, comme tous les autres 500m, me stresse un peu. Je me prépare, je me réchauffe, je prends le départ et ... je patine comme une moppe empaillée. Bref, au bout de 250m, je repends le dessus et je finis un peu plus en force pour 45,90 secondes. Pas si mal, mon meilleur temps étant 48,35, mais ma course pouvait se classer facilement dans un musée des horreurs.
Après cette première épreuve et un peu de repos, je me prépare en après-midi pour un 3000m. Plus relax et plus confiant, je me concentre sur l'aspect technique et je vise un temps de 4'50 à 4'55 alors que mon meilleur se pointe à 5'15. Je prends le départ, un peu lent, tout va bien, je pousse sans trop de fatigue. À la ligne d'arrivée, je fixe furtivement le chrono et je vois un 4'40 mais comme nous étions en quartet, j'en conclue que ce temps ne s'adresse pas à moi... Pourtant, c'était bien le bon à mon grand étonnement ! Est-ce croyable? Et oui, rien d'extraordinaire mais très gratifiant.
Le lendemain, un petit 1500m, ma distance fétiche. Je pars confiant en me fiant sur le 3000m de la veille. Bon départ, bon virage tout va bien et cette fois je vois bien le 2'12 apparaître alors que mon record personnel s'accrochait depuis longtemps à 2'29. Le soir, je me mets à réfléchir. Que voulez-vous, ce sont des choses qui doivent arriver quelques fois dans une vie... Je pense au 5000m et comme j'aime calculer alors je calcule. Mon objectif avant d'arriver à Calgary était de faire en bas de 9 minutes entre 8'30 et 8'40. Je constate que des tours un peu plus lents au 5000m en se basant sur le 3000m pourrait me permettre de faire en bas de 8 minutes. Dans ma tête, j'ai commencé à y croire. Pour y croire encore un peu plus, j'ai décidé pour la première fois de ma vie de polir doucement mes lames et même le côté des lames. Le matin, j'ai demandé à Martine d'afficher les temps au tour à l'aide des blocs typiques des entraîneurs. Le départ est lancé ... je pars rapidement, consciemment, je ralentis un tout petit peu afin de bien maintenir mon rythme. Martine affiche les temps, tout va bien. Elle m'affiche un 38 secondes, cette fois je me donne un coup de pied au cul. Je refuse d'avoir des tours supérieurs à 38 secondes et ça marche. À deux tours de la fin, l'affaire était dans le sac, j'en étais certain car je ne sentais que très peu de fatigue. Temps final 7'52,71, wow j'ai pulvérisé mon ancien record de 71 secondes. À la fin de la course, j'ai réussi à partager mon bonheur avec Gaston qui était sur la piste puis avec Martine.
Le message que je vous lance quand on patine à Calgary, il est très simple : crois en toi et la glace t'aidera.
Prochain rendez-vous peut-être en octobre et bien entendu à la fin février pour le championnat du monde. Je salue en même temps mes amis néerlandais dont certains avaient entre 30 et 40 d'expérience en patin dont le grand champion Victor van Den Hoff. Les voir patiner me donne des balises à atteindre pour le mondial. Finalement, un mot doux pour la plus grande sprinteuse canadienne Catriona Lemay-Doan. Présente presque tous les jours, très accessible et d'un charme incontournable, elle m'a expliqué ses secrets pour un bon 500m et en français... alors tenez-vous bien pour l'an prochain.
Alain Goode Meilleur
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